Quels sont les impacts de la REP PMCB sur le Réemploi ?

Depuis son lancement, la REP PMCB poursuit avec difficulté sa mise en œuvre. Avec comme objectif de développer l’Économie Circulaire, elle ambitionne de transférer la responsabilité des déchets aux producteurs de produits et matériaux de la construction et du bâtiment (PMCB). Ceci a pour conséquence notamment un schéma économique permettant de collecter une éco-participation à l’achat de matériaux neufs. Cette dernière est reversée aux éco-organisme qui, eux, rétribuent les professionnels de déchets pour leur prise en charge. À terme, elle va généraliser la reprise sans frais pour les producteurs des déchets triés du bâtiment et leur valorisation. Mettre à la benne des matériaux apparaît alors plus lucratif que de chercher à les réemployer. Qui voudra payer des surcoûts liés au réemploi alors que les déchets sont repris gratuitement ? C’est un des questionnements d’Alix Nyssen, Cheffe de Projet Économie Circulaire, lors de la discussion autour de la refondation de la REP. Cette discussion a mis en lumière les impacts de la REP PMCB sur le réemploi.

Des objectifs de réemploi loin d’être atteints

La REP PMCB s’est fixée comme objectifs de réemploi-réutilisation 2 % en 2024 et 4 % en 2027. Selon les estimations de l’ADEME, la pratique se situe en dessous de 1 %. Nous savons que le réemploi des PMCB implique des coûts élevés en termes de caractérisation, de traçabilité, de main d’œuvre et de logistique.

 Actuellement, la REP ne dédie pas de fonds au financement du réemploi, mais son cahier des charges prévoyait que « Toute installation incluse dans le maillage des points de reprise est tenue de disposer d’une zone dédiée à la collecte et au stockage des PMCB susceptibles de faire l’objet d’un réemploi ou d’une réutilisation, au sein de l’installation ou sur un site contigu à cette installation. » Les éco-organismes se sont principalement focalisés sur le déploiement des zones de collecte de déchets. Dans le cadre des travaux de refondation, cette mesure est reportée au 1er janvier 2027. Néanmoins, les acteurs publics notamment, ont mis en place assez rapidement ces zones sur leur déchetterie. Elle a donné lieu à une vraie dynamique de remise en circulation de PEM à l’échelle des particuliers et des artisans. Partout où elles existent, ces zones fonctionnent en flux, mais très souvent leur schéma économique n’est pas viable à lui seul.

Parmi les 4 éco-organismes agréés, Valobat est le plus actif dans la structuration de la filière PMCB que ce soit du côté de valorisation des déchets ou du réemploi des matériaux du bâtiment. C’est notamment le seul éco-organisme qui s’est engagé à récupérer les déchets non dangereux. Début septembre, l’éco-organisme a signé un partenariat avec La Poste Immobilier, Icade, et Sequndo qui a permis l’élaboration d’un référentiel curage et réemploi à destination des Maîtres d’Ouvrage. L’intégration du réemploi doit se faire dès la programmation du projet, car il engendre des investissements supplémentaires. C’est donc de la volonté des Maîtres d’ouvrage publics ou privés de favoriser le réemploi dans leurs marchés en fonction de leur capacité à financer la démarche. 

La REP PMCB est un flux unique ou tous les déchets triés par catégorie sont massifiés quel que soit leur état d’usure. C’est au gestionnaire de déchets qui va les réceptionner de trier les matériaux susceptibles d’être réemployés. Pour Alix Nyssen, il est nécessaire de développer un flux réemploi au sein de la REP PMCB. Sans quoi, les PMCB susceptibles d’être réemployés continueront de finir pêle-mêle dans les bennes d’inertes.

La REP PMCB renoue avec le réemploi

La REP recrée le lien entre un produit et son déchet. Elle permet une prise de conscience du geste de tri à travers l’incitation financière. C’est la promotion du « matériau » en addiction à la logique « matière ». La REP croise donc l’économie du réemploi qui a ses propres caractéristiques : la favorisation de la création d’emplois locaux, qualifiés, non-délocalisables contre l’utilisation d’engins de démolition consommateurs d’énergie. La coopération entre structures et donc la robustesse économique.

La REP PMCB et le Diagnostic PEMD se complètent pour optimiser la valorisation des ressources. Tous deux sont issus de la même loi AGEC et partagent comme objectif commun la hiérarchisation des modes de traitement des matériaux et en premier lieu, le réemploi des matériaux puis la valorisation des déchets. Réalisé avant la phase de conception, le diagnostic PEMD identifie les matériaux réemployables. Couplé au diagnostic Ressources, il permet de dresser un inventaire détaillé des PEM en vue de leur dépose soignée et de leur remise en œuvre.

Le réemploi des PMCB fait également face au manque de connaissance car cela concerne des aspects techniques, économiques et juridiques sur des centaines de références, faisant appel à des compétences diverses. La formation et la qualification des acteurs de la filière du Bâtiment sont la clé de sa réussite. Si peu de formations initiales dédiées existent à ce jour, Valobat, en partenariat avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, finance des formations sur le sujet : « Mettre en avant le réemploi et proposer des solutions locales dans son diagnostic PEMD ». Ces formations ont pour but de diffuser les retours d’expériences/études sur les missions de réemploi appliquant la REP PMCB, abordant les approches techniques, économiques, environnementales, assurantielles et juridiques.

La montée en puissance du réemploi au sein de la REP PMCB dépendra de la capacité des parties prenantes à trouver des solutions ensemble, trouvant un chemin entre leur objectif commun et leurs mises en place aujourd’hui concurrentielles.

Partager cet article :

Contact

Nous intervenons dans toute la France.

N’hésitez pas à nous contacter, nous vous répondons dans les plus brefs délais. Par e-mail ou par téléphone, comme vous le souhaitez

Suivez-nous !

Retour en haut